À la découverte de Radio Activ’
« Oh oui bon ça va, je suis en deuil », lâche Romain Le Gal au hasard des phrases, sur un ton badin qui cache une peine à ne pas trop dévoiler. L’humour comme voile de pudeur. L’homme de 25 ans, brun longiligne et une écharpe bordeaux qu’il ne quitte pas, s’est fait larguer le week-end dernier. Et son cœur brisé était l’un des sujets du « Turn Up » de la veille, l’émission qu’il a créée et anime chaque mercredi soir, depuis quatre saisons. Dans la team, des gens de 19 à 41 ans et un noyau dur de quatre personnes présent·e·s quasiment chaque semaine. Pendant trois années, le programme de talk orienté local –forcément– a parlé de médias et de l’actualité avec des débats et surtout de la bienveillance. Mais depuis septembre, une deuxième partie s’est rajoutée à l’émission : de la « libre antenne », où l’on parle d’intimité et de sujets divers comme « faut-il se remettre avec son ex ? » ou « un plan cul est-ce une bonne idée ? ». « Après les confinements, on a senti un besoin de parler, de confessions, c’est ce qui nous a donné l’idée ». Les auditeurs appellent, réagissent. Anonymement s’ils le souhaitent « on a institué une règle, quand on ne veut pas donner son prénom, on se présente comme Jean-michel Larsen ». Et parfois, c’est la folie « sur un sujet, on a eu plus de cent appels ! ». Des gens du coin, d’autres qui écoutent sur internet ou simplement des personnes au volant qui tombent sur Radio Activ’.
Une émission LGBTQIA+
Un appel en particulier a motivé l’équipe à continuer. « Sur le sujet du coming out, on a eu un collégien qui s’est mis à pleurer en direct, il se faisait harceler à l’école. Une bénévole l’a pris hors antenne et ils ont discuté pendant deux heures. On sait ce que c’est, autour de la table, on l’a tous vécu, notamment à cause de nos orientations sexuelles ». Et les orientations sexuelles, voilà un autre sujet qui tient à cœur à l’équipe, « ici, on est LGBTQIA+ ! », assure Romain. D’ailleurs, leur grand projet cette année, c’est d’organiser la première gay pride des Côtes-d’Armor. « En septembre on a eu le président de Saint-Brieuc communauté dans l’émission et il est d’accord ! ».
Son coming out en direct
« Au civile », comme il le dit, le sémillant garçon est animateur auprès des enfants. Un travail d’écoute et de bienveillance qui se marie bien à son bénévolat. Rentré par la « petite porte » il y a cinq ans et demi, le jeune homme a désormais fait son petit bout de chemin à la radio : il en est son co-président. Mais plus encore, ses goûts se sont affermis. « Je n’ai pas honte de le dire, avant j’écoutais les radios commerciales, NRJ, Fun… Quand j’ai présenté mon premier pilote, on m’a dit “ tu fais trop Hanouna ou Morandini ”. Je l’ai réécouté il n’y a pas longtemps et je me suis dit “ oh my godness ” c’était pourri », la voix enjouée par le cocasse de l’expérience et la fierté d’avoir autant avancé. Et s’il n’écoute guère que Radio Activ’, faire de la radio est devenue une drogue pour lui « mais bonne, hein ! Pour s’en défaire, c’est compliqué. Ça m’apporte du bonheur, de la joie, de la tristesse parfois, selon les témoignages ». Et surtout du courage ! « J’ai fait mon coming out à l’antenne, quand je suis arrivé il y a cinq ans et demi. Ce n’était pas prémédité, je ne voulais pas le faire, parce que j’avais une certaine peur du rejet. Mais je savais que si ça se passait mal, ici j’aurais du soutien ». Ses parents n’écoutent pas la radio ce soir-là, mais il leur dira quelques jours plus tard. Et de conclure, ému, « Radio Activ’ c’est une famille ».