Restitution de la séance de travail du mardi 24 mai 2022 à Rennes.

Un atelier radio dans les locaux de Radio U.

La maison des Associations de Rennes se trouve dans un bâtiment rectangulaire, tout en vitre. Ce mardi 24 mai 2022, au matin, s’y reflète une esplanade Charles de Gaulle totalement vide. Pour rentrer dans la « MDA », il faut prendre comme une entrée dérobée sur le côté. C’est là que les participant·e·s de l’atelier de travail numéro 2 se rejoignent. Le dernier rendez-vous s’est fait par visio. Il a permis à certain·e·s de découvrir virtuellement leurs homologues, qu’ils n’avaient pas encore vus, faute de pouvoir se déplacer. Aujourd’hui tous et toutes auront (enfin) fait connaissance. La plupart sont venus en train. L’endroit n’est pas si mal pour ce genre de rencontre. Non pas que Rennes soit géographiquement centrale pour nos radios, loin de là, mais ce lieu a le bon goût de se trouver à 5 minutes à pied de la gare. Mieux : au rez-de-chaussée du bâtiment se trouve Canal B. La radio « rock » historique de Rennes, elle aussi dans notre projet de recherche.

Les objectifs de la recherche se resserrent

Une fois les participant·e·s au complet à 9h30 et après un café de rigueur, l’on monte au deuxième et dernier étage. La pièce qui nous accueille est simple : murs blancs, des stores fermés pour ne pas laisser rentrer un soleil trop éclatant afin d’utiliser un rétroprojecteur. Ce qui nous laisse dans une demi-pénombre presque chaleureuse. Comme un rituel, l’on commence par un tour de table. Il permet de replacer le contexte, de se présenter (rappelez-vous les difficultés à réussir à se réunir tous ensemble à chaque fois).

François commence par une synthèse du 15 mars (l’atelier #1 à Lanester). Depuis, nos chercheurs n’ont pas chômé. Si la problématisation est encore en construction, les objectifs de la recherche se resserrent. Les questions se regroupent et ne forment plus parfois qu’une problématique distincte. Grâce à une forme de mise à l’écart de certains sujets : car oui, hélas, l’on ne pourra pas tout traiter en deux ans. Par exemple, la question de la formation des bénévoles et des services civiques est intéressante, mais l’on ne sait pas encore de quelle façon elle sera traitée. Il y a aussi celles autour de la production finale : vers quel livrable souhaitons-nous nous orienter ?

Cette séquence de travail est un moment où les chercheurs ont pu vérifier avec les participant·e·s si les premiers pas autour de la problématisation leur allaient, via la mobilisation de leur consentement. Ce qui allait à tout le monde. Un terme a été décidé par l’ensemble du groupe pour désigner les participant·e·s au projet de recherche : ils se nomment désormais les praticiens et praticiennes.

À la pause, ça parle des impératifs du moment : « tu en es où de ton dossier DRAC ? ». Mais aussi de l’été qui arrive, « tu continues les ateliers en juillet, août ou tu souffles ? ». Le choix du mot à son importance, rappelons : souffler : verbe intransitif, s’arrêter pour reprendre haleine, pour se détendre. Le rythme est soutenu, le travail est intense. Des questionnements et difficultés en commun et le fait de pouvoir en parler, ça fait du bien.

Recenser les actions menées

Côté discussions, ce jour, l’on se penche plutôt sur la dimension des ateliers. C’est-à-dire les actions qui ont un début et une fin très repérable. Le groupe travaille à recenser les actions menées, on réfléchit à des critères pour les définir. Plus les échanges avancent et plus nos chercheurs s’étonnent de la pluralité des actions menées. L’idée ici : c’est de pouvoir déterminer des entrées pour les définir et les recenser. La nature du public, la durée, la formation, le financement… Ce qui induit un travail qui serait presque encyclopédique. Mais les radios n’ont pas peur de la ressource disponible (comprenez, les documents internes, ceux partagés avec les structures, diverses notes, etc.) pour mener cela à bien. Une chose est nécessaire : décrire et comprendre l’offre. Et ne pas seulement en faire une photographie de la situation actuelle, mais plutôt voir son évolution. La matinée aura servi à essayer de déterminer ensemble la méthode de travail à adopter.

Vient la pause de midi. Une légère odeur de cuisine remonte jusqu’à notre étage. L’on descend donc manger dans la cafétéria au rez-de-chaussée. Puis, l’on prend un petit quart d’heure afin d’aller visiter les locaux de Canal B. Dans le couloir d’entrée, en file indienne, nos praticien·ne·s forment un petit embouteillage où règne la curiosité. Mais pas le temps de s’attarder, il faut déjà remonter. Entre-temps, deux personnes nous quittent. Ils doivent mener des ateliers l’après-midi et ne pouvaient pas les bouger. Chacun jongle avec ses propres impératifs.

Analyse de la pratique

L’après-midi est dédiée à l’analyse de la pratique. Entendez par là, l’analyse du travail d’une personne à partir d’un atelier radio, par exemple. Cette forme d’examen, très répandue dans le milieu médico-social et plus généralement le champ du social, permet aux professionnels de parler des travaux relationnels dans un espace bienveillant et confidentiel. Pour celui-ci, l’un des praticiens s’est prêté à l’exercice en sélectionnant un son. Eh oui, quoi de mieux que d’écouter de la radio pour lancer le sujet ? L’émission a été découpée en trois morceaux : l’intro, un passage au milieu et la fin. Pour le protagoniste, cet extrait semblait illustrer assez bien les spécificités de sa radio avec les publics en IME. Il donne à voir les particularités de sa pratique. Le moment d’écoute est assez émouvant. Réécouter ce que l’on a fait et ensuite pouvoir en parler est intime. Néanmoins, tous et toutes s’y reconnaissent. Durant deux heures, l’on va parler de cette séquence, entre les questions des uns et des autres, les impressions de chacun et chacune sur son propre travail, c’est très riche. Les chercheurs et Xavier prennent des notent, animent et questionnent. Outre le fait de pouvoir discuter de leurs propres expériences avec des collègues, c’est aussi un matériau qui entrera dans la recherche.

À la pause, nos deux chercheurs s’en vont. Cela donne la possibilité de discuter sans eux et ainsi de façon plus informelle pour les praticiens. Un moment aussi technique, où l’on essaie de caler les prochains rendez-vous à venir. À 17h chacun repart, avec le sentiment d’avoir pu échanger et apprendre des choses.