La radio du pays
de Brocéliande

[Initialement publié le 16 avril 2023] 

Montfort-sur-Meu. Sa tour médiévale, son ancien tribunal reconverti en médiathèque en 2014, qu’une girafe ton sur ton, grandeur nature, surveille sous l’arche d’entrée néo-classique. Il fait bon vivre de flâner dans les ruelles pavées de cette « Petites Cités de Caractère ». Ce n’est pas Gérard Demaure qui vous dira le contraire ! Le bénévole de Fréquence 8 accueille avec entrain quiconque découvre sa ville et sa radio. Située dans les locaux de Montfort Communauté, la station dispose d’un studio d’une vingtaine de mètres carrés. Le plus petit de toutes les radios de la CORLAB. Mais le lieu a l’avantage d’être au cœur de la ville, à côté de bon nombre d’associations avec lesquelles Fréquence 8 travaille au quotidien. Situé au rez-de-chaussée, une vitre qu’entoure une guirlande en led verte court sur toute la longueur de la pièce et l’ouvre sur le bâtiment : visible et accessible.

« On a une utilité pour les auditeurs et auditrices, mais aussi pour nos bénévoles »

Ce matin d’avril, le soleil illumine déjà le studio. Il est tout juste 9 h et devant son micro Florian Le Mercier s’étire les bras avec souplesse. Il vient de terminer sa matinale. Chaque matin, il prend le micro à partir de 7 h 30 pour donner les informations du jour en pays de Brocéliande. L’émission entre les coupures musicale est parsemée de reportages ou de billets d’humeur. Embauché en 2019, le jeune homme y est à ce jour le seul et unique salarié. Un travail qu’il mène avec passion et abnégation. Ici, il s’occupe de tout, de la grille d’antenne à la programmation musicale en passant par de l’administratif. Un agenda serré, bien qu’il partage une partie de ses tâches avec la vingtaine de bénévoles qui s’investissent à Fréquence 8. « Mais le covid a fait beaucoup de mal », déplore Florian, qui regrette qu’il n’y en ait pas plus. Une dizaine d’émissions sont produites grâce à eux, « ils ont tous et toutes des compétences et des personnalités différentes », ajoute-t-il avec douceur. Il parle notamment de Patrick, également photographe amateur « mais qu’on pourrait qualifier de professionnel à la qualité de ses clichés », relève dans le sourire notre protagoniste. Le bénévole balade micro et appareil photo pour Fréquence 8 dans des festivals comme Mythos ou le Roi Arthur. « Il nous a ouvert des portes et maintenant, l’on y bénéficie d’accréditation », soit un nouveau rôle pour la radio dans son territoire.

Et puis il y a aussi Émilie, avec sa chronique « J’aime regarder les gens ». « Elle est autiste Asperger et elle nous donne un regard décalé et plein d’humour sur ce qu’elle voit, c’est hyper intéressant. Par exemple, en réunion, dans une salle avec 20 personnes, elle peut suivre toutes les conversations ! », explique l’homme avec enthousiasme. La jeune femme fait ses débuts à la radio en même temps que Florian y arrive en salarié. « Son psy n’en revient pas de l’effet de la radio sur sa personnalité ! Avant, c’était inimaginable pour elle de s’exprimer en public. Grâce au lâcher prise et la liberté que lui a offert l’expérience radiophonique, désormais, elle peut même animer des conférences, ça lui a permis d’avancer dans son travail ! ». L’animateur rajoute, « je suis très fière d’elle ! On a une utilité pour les auditeurs et auditrices, mais aussi pour nos bénévoles ».

La radio : outil d’émancipation

Ce parcours émancipateur, Florian le connaît bien lui aussi. Cet amoureux de radio, commence à en faire tout seul à l’adolescence, « j’étais très timide lorsque j’avais 13 ans, j’avais du mal à m’adresser aux gens », explique-t-il. Difficile à imaginer aujourd’hui, tandis qu’il déploie son récit avec justesse et intensité. « J’ai commencé à faire un  » journal intime pas si intime  » sur ma webradio  » FL Breizh  » ». L’aventure fonctionne et dure quelques années. En parallèle, il souhaite devenir boulanger, mais doit abandonner pour cause médicale. Un coup dur. Mais le moteur d’une nouvelle carrière. Sa mère le pousse à s’orienter vers sa passion : la radio. Après avoir décroché un stage dans une radio associative en Normandie, le président de celle-ci le booste afin qu’il puisse décrocher sa place en formation à la Skol Radio. Il l’obtient pour la promo 2018 : un moment qu’il évoque avec émotion. « J’avais des problèmes avec l’écriture depuis toujours. Et puis un jour Sylvain Delfau (directeur de la Skol Radio et de Radio Laser) vient me parler, il avait compris que j’avais un problème. Il a commencé à prendre mes textes après chaque chronique et à trouver un spécialiste à Paris. C’est grâce à lui que l’on m’a diagnostiqué une dyslexie ». Une révélation qui lui permet de trouver les solutions adaptées pour que ce trouble ne soit plus un handicap au quotidien. Grâce à la Skol, il fait un premier stage à Fréquence 8, où il sera embauché l’année suivante.

« Fréquence 8, la radio du pays de Brocéliande »

En place depuis déjà 4 ans, Florian connaît sa radio par cœur. Tout commence en 2015. Cela fait quelques années que la radio de Montfort-sur-Meu « RLK » a arrêté d’émettre, après le décès de son président. Un manque se fait sentir, notamment lors de la fête de la Saint-Nicolas, un moment important pour la ville. Une association se crée en 2015 afin de lancer une nouvelle radio. On l’appelle Fréquence 8, clin d’œil aux 8 communes de Montfort Communauté. En 2017, « F8 » obtient l’autorisation d’émettre en FM. Depuis, elle ne cesse d’évoluer, notamment sous l’impulsion de Florian. « On a remarqué que le public est curieux de ce que l’on fait, alors nous avons décidé de nous équiper afin de diffuser en vidéo sur Internet également ». Cette année, l’animateur souhaite développer les ateliers radios, pour lesquels il confesse une certaine appétence. Et puis un vent de fraîcheur ne fait pas de mal : le 30 juin 2023, Fréquence 8 dévoilera son nouveau logo et un site internet flambant neuf. Le tout porté par le slogan « Fréquence 8, la radio du pays de Brocéliande », qui porte la ligne éditoriale de la station. Pour l’avenir, le DAB+ reste une question en suspens au même titre que l’embauche d’un nouveau salarié. Stay tuned.