Depuis octobre 2020, Radio U mène des ateliers Seniors on Air à l’EPHAD An Elorn de Landerneau. Vincent Le Yeuc’h et Pierre-Louis Leseul animent ces séances. un tandem bienveillant et à l’écoute. Pour la dernière de la saison 2021-2022, les résident·e·s sont venu·e·s découvrir les studio de la station. Un joli moment de partage !
En ce vendredi 24 juin 2022, le crachin balaye Brest depuis le matin. Du rez-de-chaussée de la résidence universitaire où se trouvent les locaux de Radio U, on se sent bien, au sec, dans ce petit cocon parsemé de photos souvenirs chaleureuses, qui dénote avec le gris à extérieur. Dans les bureaux, Pierre-Louis Leseul, Vincent Le Yeuc’h et une accompagnante arrivée en avance, boivent un café en attendant les résident•e•s de l’EPHAD de Landerneau et leur deux animat·eur·rice·s. Pour le dernier atelier radio de la saison, ils les accueillent dans leur studio.
Depuis octobre 202O, pas loin d’une dizaine d’ateliers ont été menés dans le cadre de Senior On Air à l’EPHAD An Elorn, « mais la situation sanitaire a compliqué les choses. Il y a eu plusieurs mois sans ateliers. Puis, lorsque des personnes étaient atteintes de covid la séance était annulée », explique Pierre-Louis. Ce dernier s’occupe de l’animation de l’atelier, quand Vincent l’assiste à la technique. Une façon de se répartir le travail qui permet une flexibilité et une attention particulière auprès des résident·e·s. Et puis, ils sont complices : ça participe forcément à créer une ambiance conviviale et où l’on se sent à l’aise. Le principe choisi est intéressant. Les micros sont ouverts durant 1h30, 2h, et à chaque fois un thème est choisi pour débattre, « comme amour et sexualité par exemple », précise Vincent. De quoi confronter des points de vue différents et retracer l’évolution des mœurs. D’autant que trois générations se côtoient au sein de l’EPHAD, qui accueille des personnes de 65 à 98 ans. Ces discussions sont ensuite montées par Pierre-Louis, en des pastilles de deux fois 15 minutes, avec les moments forts, touchants, insolites…
Monique.
« On a envie de les voir comme ça plus souvent ! »
Il est 14h, sur le parking qui fait face au bâtiment universitaire, un fourgon bleu arrive doucement pour se garer. Les résident•e•s et les deux animat·eur·rice·s, Mickaël et Véronique sont ponctuel·le·s. Vincent et Pierre-Louis attrapent leur veste et sortent pour aider leurs protégé·e·s à rentrer dans la radio. Cette fois-ci, ils sont cinq : quatre femmes et un homme, « mais on peut avoir jusqu’à huit personnes en atelier », glisse Pierre-Louis. La petite troupe s’avance en file indienne dans le couloir menant au studio. Elle prend place autour de la table, en arc de cercle, qui fait face à la régie derrière une petite vitre. Une fois bien installée, on ajuste les micros, les casques sont correctement vissés sur les oreilles. Puis notre duo passe de l’autre côté de la vitre, pour animer le débat.
Pierre-Louis lance pour commencer, « cette fois-ci, on va se demander » la violence est-elle nécessaire ? » ». Un petit silence s’installe, avant qu’il ne précise, « par exemple la violence physique à l’école ? ». Quelques réponses timides qui se concluent par un « ce n’est pas facile de répondre », auquel répond avec un sourire doux notre animateur « c’est le principe de la philosophie ». Alors pour engager le débat, il lance des citations préparées pour rythmer l’émission. Les langues se délient peu à peu, « la violence, rien que ce mot, ça donne la chair de poule », lance la plus bavarde, Monique, affublée de lunettes de soleil noires (conséquence d’une petite opération des yeux). Elles lui donnent un look de rock star un peu badass, en adéquation avec le personnage qui se dévoile au micro, pas avare en punchlines. Rapidement, les participant·e·s se répondent l’un l’autre, ils réfléchissent ensemble et Pierre-Louis modère ou relance au gré des interventions. On sent une dynamique et un réel plaisir d’être là. Véronique le confirme, « certain·e·s sont prêt·e·s depuis ce matin ! Ils avaient hâte d’être là », elle continue enchantée, « c’est intéressant de les voir hors de la maison de retraite, presque plus éveillé·e·s car ils sont mis·e·s au centre de l’animation. On a envie de les voir comme ça plus souvent ! ».
Mickaël l’un des animateurs et Renée.
« Il y a une réflexion collective dans le respect de l’un et l’autre »
Après deux heures de débats et de conversations, où plus d’une fois, Monique et ses comparses nous ont fait rire, on arrête les hostilités radiophoniques. Vincent et Pierre-Louis tombent les casques pour proposer un thé ou un café afin de prolonger le moment. Les conversations continuent, on parle du mariage d’un ou d’une tel·le. Pour Renée, une autre résidente, l’expérience en studio est très positive, « c’est très bien et le cadre est sympa, ça fait cocooning. On nous met tous à l’aise ». Celle-ci, une ancienne professeure, avait déjà fait l’expérience de la radio lors d’une interview avec RCF. Mais c’est la seule de la troupe. Le sujet semble avoir plu. Pour Véronique, « ils peuvent s’exprimer librement, ça les met en valeur. Il y a aussi une réflexion collective dans le respect de l’un et l’autre. Pour moi, j’y vois le côté où ça permet de faire fonctionner la mémoire. Ils parlent des choses du passé, du quotidien. On apprend à mieux les connaître de cette manière ».
Avant de repartir pour Landerneau, tous et toutes ont envie de revenir, « on est mieux ici qu’à la résidence pour la radio », conclut Renée.
Une pause thé bien méritée.