MÉMOIRES DE VI(LL)ES : DOL-DE-BRETAGNE


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Jean-Pierre Larché et Jean Christophe Nava de Radio Parole de Vie © Sarah Chajari – L’atelier du canal

Mémoires de vi(ll)es est un projet de collectages radiophonique porté par l’association Petites Cités de Caractère® de Bretagne et la Coordination des radios locales et associatives de Bretagne (CORLAB). Le projet Mémoires de vi(ll)es s’est déroulé à Dol-de-Bretagne de juillet à septembre 2023. Il a été réalisé par la Radio Parole de Vie, basée à Saint-Malo.

LES HABITANT·E·S

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Jean-Christophe Nava de Radio Parole de Vie et Yvonne Moreaux © Sarah Chajari – L’atelier du canal

Marie Rose Le Marchand © Sarah Chajari – L’atelier du canal

LES ÉPISODES

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Dol-de-Bretagne sous toutes ses facettes

C’est dans une petite salle au rez-de-chaussée de la résidence de l’Abbaye que nous rencontrons Marie-Rose Le Marchand, une femme curieuse à la mémoire intarissable. Elle porte aujourd’hui encore un regard attachant à sa commune. Née en 1931 (92 ans), elle habite à Dol-de-Bretagne de manière interrompue depuis ses 5 ans. Sa famille était propriétaire d’une maison près du menhir du Champ-Dolent, point d’intérêt touristique avant l’heure pour des excursionnistes qui demandaient aussi à visiter leur maison contre une pièce ! Fillette de caractère, Maryvonne est allée à l’école à Dol jusqu’à son certificat et en garde des souvenirs très précis. La religion lui apportait des moments de joie et de partage, et les foires de la distraction. Si Maryvonne commença à travailler tôt à la ferme, elle tint ensuite son propre restaurant Au Bon accueil, rue de Rennes, avant de se lancer dans la vente de galettes-saucisses sur les marchés. Malgré les difficultés de la guerre, Maryvonne a toujours gardé la tête haute. Une conversation riche d’enseignements.

« On mettait une demi-heure le matin, mais le soir, on mettait trois quarts d’heure pour revenir. On prenait notre temps. J’avais mal aux chevilles avec les sabots, les galoches étaient plus confortables. Maman nous donnait un petit goûter quand on arrivait de l’école. Du pain, du beurre, du chocolat et une banane. » 

Marie-Rose Le Marchand

De l’école à la ferme

Née à Epiniac, Yvonne Moreaux fut scolarisée à Dol-de-Bretagne de ses 5 ans à ses 11 ans, à une époque où le cadre était sévère et où il fallait se tenir bien droit ! Mariée à 21 ans, elle commença à travailler vers 38 ans dans la ferme d’un boucher située au petit gué, qui assurait la vente dans la Grande-Rue face à la Mairie. A l’époque, le labeur occupait les journées et les plages d’amusement étaient minces, réservées aux foires ou à la période estivale. La campagne bretonne connaissait petit à petit des changements, pour répondre à une industrie agro-alimentaire désireuse de vendre au plus grand nombre. En fin de carrière, Yvonne réalisa des ménages dans plusieurs foyers dolois où elle appréciait l’ambiance familière. Très volontaire, elle tire aujourd’hui sa force et son énergie de ses enfants, petits et arrière-petits-enfants.

« À la Saint-Luc il y avait la foire, les bestiaux… Les gens de la campagne, les anciens, venaient pour manger un bouillon, un pot-au-feu. Moi j’étais trop jeune, on venait seulement faire un tour au manège, le samedi ou dimanche, et aussi faire un tour dans la rue parce qu’il y avait des commerçants d’un bout à l’autre. »

Yvonne Moreaux

Le métier de facteur à Dol-de-Bretagne

Jean-Pierre Larché fut scolarisé au groupe Saint-Magloire de Dol-de-Bretagne (qui existe toujours) et c’est surtout en qualité de facteur que les habitants se rappellent son visage. Il a exercé ce métier dans la cité de 1984 à 2010 avant de finir sa carrière à Saint-Malo. À pied, à vélo ou en voiture, il fut en contact quotidien avec les particuliers et présent dès le lever du jour au centre de tri pour préparer sa tournée. Un métier méticuleux et parfois éprouvant, surtout avec les chiens bagarreurs et le poids du courrier (à une époque où s’échangeaient plus de lettres que de colis) ! Gardien de la proximité, il se souvient aussi du bon temps passé à la Foire de la Saint-Luc, mémorable pour son marché conséquent, ses défilés de voitures anciennes et la musique traditionnelle. Un témoignage précieux qui illustre les mutations tant sociales que technologiques opérées dans le métier de facteur.

DOL-DE-BRETAGNE : À LA CROISÉE DES CHEMINS

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La cité de Dol-de-Bretagne est idéalement placée sur le chemin qui mène de la Normandie à la Bretagne, en plein cœur de la baie du Mont-Saint-Michel, entre celui-ci et Saint-Malo. Que ce soit pour le charme de son centre historique ou pour le patrimoine naturel qui l’entoure, la cité, qui regorge de mystères, saura ravir petits et grands.

Tout commence à la Préhistoire alors que le site n’est qu’une vaste plaine. Au VIe siècle avant J-C, la région est occupée par les Celtes qui se réunissent sur le Mont-Dol, situé à trois kilomètres au nord de la cité de Dol, pour des fêtes rituelles païennes. Sous la domination romaine, deux temples y sont édifiés, l’un dédié à Cybèle, l’autre à Mithra.

C‘est sur cette terre déjà chargée d’histoire que naît la longue histoire religieuse de Dol dont la fondation définitive est attestée au Wsiècle, sous l’égide du moine-évêque Samson, avec l’édification d’un monastère, devenant par la suite siège épiscopal.

À la mort de Samson, son tombeau fait l’objet d’une vénération et d’un pèlerinage qui favorisent l’essor urbain. Dès le IXe siècle, la notoriété du monastère s’accentue et, sous la politique de Nominoë, comte carolingien devenu prince souverain, Dol devient la métropole religieuse de la Bretagne pendant trois cent cinquante ans (848-1199).

Ce titre n’empêche pas Dol de subir de nombreuses invasions. Après les incursions normandes au début du IXe siècle, la cathédrale romane est incendiée au XIIIe siècle et la cité est de nouveau assiégée. Durant la guerre de Cent Ans (1337-1453) les activités commerciales sont stoppées et l’absence de pèlerins se fait sentir. Au XVe siècle, affaiblis par les sièges, les Dolois reconstruisent de nouvelles fortifications qui serviront lors des guerres de la Ligue (1562- 1598). Au milieu du XVIIIe siècle, ces fortifications sont démantelées pour favoriser la fluidité des déplacements, l’assainissement des rues et la réalisation de projets d’urbanisation.

Aujourd’hui, Dol-de-Bretagne dispose d’équipements modernes et rayonne par l’intense activité de son commerce. Elle a en même temps préservé son caractère historique qui lui confère un charme particulier.