Du musée au micro
Timbre FM / Musée de la Résistance en Bretagne / Ecole Jules Verne de PloërmelSeconde visite au Musée de la résistance en Bretagne à Saint-Marcel pour la classe de CM1/CM2 de l’école Jules Verne de Ploërmel en cette journée fraîche, mais ensoleillée de la fin du mois de mars 2025. Situé en pleine campagne, ce lieu de mémoire s’est implanté sur la commune qui a abrité le plus grand maquis français et le combat du 18 juin 1944. Il retrace ainsi la vie quotidienne sous l’occupation grâce à une collection composée de plus de 1 000 objets historiques.


A la découverte du musée
Grâce au dispositif « Du Musée au micro » porté par la CORLAB et Bretagne Musées, cette classe de primaire est ainsi partie à la découverte des métiers du musée. Engagés sur toute l’année scolaire 2024-2025, les élèves ont pour mission d’interviewer les différents membres de l’équipe. Avec l’aide de Fanny, en charge des ateliers à la radio Timbre FM à Augan, ils se sont formés à la prise de son et aux techniques d’interview, après une visite en classe et une excursion dans les studios de la radio. « C’était la première fois que je suis allée dans un studio et j’ai vu des micros, des casques, des enregistrements et c’était un peu bizarre d’entendre ma voix. ».
Cette deuxième sortie va permettre aux élèves de poursuivre leur découverte du musée et de cette partie de l’histoire française inscrit notamment au programme des CM2 comme le confirme Philippe Seigneur, leur enseignant.
« On est en plein dans le programme des CM2, la Deuxième Guerre mondiale et le mouvement de résistance. Et puis la libération de la France. Sauf que c’est une petite partie des programmes qu’on allonge un petit peu, mais parce que le contexte s’y prête complètement. Les enfants sont très mobilisés pour apprendre. ».
Déroulé
Mais avant de passer à l’action, une mise en contexte s’impose pour aider les enfants à se reconnecter au sujet. Installés en demi arc de cercle dans une salle à l’entrée du musée, les élèves sont interrogés au micro par Fanny de Timbre FM pour se remémorer les activités faîtes lors de la précédente visites du lieu en janvier dernier. Les débuts sont timides, mais au-fur-et-à-mesure les souvenirs remontent et se précisent. Ils évoquent au gré de leurs interventions la visite sous forme de jeu de piste conçue par Coralie Gueho, médiatrice culturelle du musée et les interviews des différents membres de l’équipe.
A chaque prise de parole, Fanny cherche à amener les autres élèves à corriger ou compléter le propos pour tisser le déroulé exact de leur précédente visite. Elle leur fait parler de la thématique du musée à travers les objets découverts lors du jeu de piste en leur montrant les feuilles de présentation associées.
Puis vient le temps de l’écoute des enregistrements. Les cinq groupes se recomposent selon la même configuration que la dernière fois. Les enfants en profitent pour se dissiper. Après quelques couacs techniques, l’extrait de la première interview se fait entendre et les bavardages cessent. Fanny les aide alors à identifier les bonnes ou mauvaises pratiques à partir de chaque écoute.

Une fois les mémoires rafraichies et une petite pause extérieure, Coralie, la médiatrice, vient les chercher pour poursuivre la visite et découvrir de nouvelles salles. De nouveau, cinq nouvelles images d’objets sont distribuées à chacun des groupes. Comme la dernière fois, les enfants ont pour mission de les retrouver dans les salles visitées et d’imaginer leur histoire et leur utilité. Une manière ludique et moins conventionnelle de les intéresser à ce sujet sensible.
Mais ce n’est pas leur seule mission, à tour de rôle, certain·es élèves assurent la captation sonore de la visite, aussi bien les explications de la médiatrice que les questions posées par leurs camarades. Certains sont plus rigoureux que d’autres. Fanny doit parfois intervenir pour rectifier la prise de son.
La première salle consacrée aux opérations au Maghreb impressionnent les enfants par la présence de jeep et de mannequins portant des costumes militaires. Ils parviennent rapidement à retrouver l’objet des images distribuées, mais leur fonction est parfois plus difficile à deviner, comme cette patte de poulet porte-bonheur. Les suppositions vont alors bon train : de la plus logique à la plus imaginative. La fin de la visite dans la seconde salle consacrée en partie aux camps de concentration est plus laborieuse. Le sujet difficile et la présence d’un jeu de l’oie géant sur le sol de la pièce finissent de distraire les enfants à l’approche du déjeuner.
Malgré des températures fraiches, tout le monde pique-nique dehors sur les grandes pelouses arborées qui entourent le musée. Une fois le déjeuner terminé, Philippe, l’enseignant, propose un petit jeu de réflexion en équipe avant la reprise des activités de l’après-midi.
C’est un travail d’écriture qui les attend à partir des images d’objets distribuées lors de la visite. Cette matière pourra servir à créer des cartels à destination du jeune public et ainsi rendre plus accessible la visite aux enfants. Une manière d’optimiser le projet initial et de l’ouvrir à des problématiques rencontrées au quotidien dans le musée.
« Aujourd’hui le parcours permanent, il n’a pas été pensé, étudié pour un très jeune public, donc les textes ne sont pas forcément toujours adaptés. Ils ne sont pas non plus à hauteur de tête pour les plus petits. Donc l’idée, ce serait de réutiliser ce projet pour faire un parcours jeune public. »
L’heure du bilan
Même si le format final des interviews n’est pas encore défini, le montage devra être terminé pour la Nuit européenne des musées qui a lieu cette année le samedi 17 mai 2025. Les interviews seront alors diffusées dans l’auditorium du musée et simultanément sur les ondes de Timbre FM. Des audios retraçant l’expérience des enfants pour rendre compte de leurs ressentis et du déroulé du projet seront également proposés.
Interview de Phillipe Seigneur – Enseignant à l’école Jules Verne de Ploërmel
Comment avez-vous perçu la complémentarité entre les interventions de la radio et du musée dans le cadre du projet ?
« Les deux intervenantes, que ce soit Fanny, l’animatrice radio ou Coralie, la médiatrice de musée, se sont très bien adaptés aux groupes, elles se sont mises à hauteur d’enfants. Fanny était très pédagogue et faisait de beaux liens entre les visites au musée, les interviews et ce qu’elle attendait des productions radiophoniques finales. Coralie était à l’écoute de mes élèves et elle a su éviter la redondance entre les deux visites programmées au musée. »
Avez-vous observé des effets du projet sur la posture des élèves vis-à-vis des médias, de la culture ou de leur territoire ?
« Oui, j’ai pu identifier que mes élèves étaient très réceptifs lorsqu’il s’agissait d’écouter la radio. J’ai observé une très grande concentration du son chez eux, qui m’a vraiment impressionné. Depuis « Du musée au micro », j’ai donc décidé de mettre en place des rituels d’écoutes de podcasts en classe et ils adorent ça ! Au début, j’ai commencé avec des podcasts, plutôt des récits historiques sur des sites pédagogiques, puis j’ai diffusé les contenus de Timbre FM comme La pause cartable. ».
Pensez-vous que ce type de partenariat peut aider à renouveler les pratiques éducatives, en croisant les disciplines ?
« Je pense sérieusement à renouveler des partenariats avec Timbre FM. L’usage de la radio en classe prend tout son sens pour moi et mes élèves. En plus de ça, Fanny, l’animatrice radio est très professionnelle et pédagogue. Je pense faire appel à la radio dans le cadre du prix littéraire « le prix des korrigans » de la circonscription de Ploërmel organisé par les conseillers pédagogiques. Je ne sais pas encore quelle forme ça prendra, tout ce que je sais c’est que j’ai encore envie d’enregistrer les enfants. »