C’est l’un des plus anciens bénévoles de Radio Évasion. Sébastien Pennec Sénéchal, dit Sebast’, la découvre en 2006, un peu par hasard. Il explique d’emblée, « je suis en situation de handicap psychique, mais totalement autonome ». À ce moment-là, il ne fait pas fait grand-chose. Alors l’une de ses amies, Gaëlle Le Gentil, qui est à l’époque la présidente de la radio et anime des émissions de reggae roots, lui dit de passer voir l’une d’entre elles. « C’était encore dans les tout petits locaux de Rosnoën. Ça m’a beaucoup plu et assez vite je suis devenu technicien ». Se souvient l’homme de 47 ans, au ton calme et posé. Un personnage charmant, avec lequel on prend plaisir à converser. Sans travail pour structurer ses journées, il peut être difficile de trouver des repères, « la radio, ça m’a un peu sauvé de mon style de vie où je n’avais pas de métier ». Puis cette occupation lui en crée une nouvelle : depuis il noircit des carnets, à différentes heures de la journée, qu’il a appelés « carnets de guérison ». Mais ce n’est pas son premier contact avec une radio. À la fin des années 1990, Sebast’ fait des études d’arts plastiques (depuis il continue d’ailleurs à peindre) à l’université Rennes 2 où Radio Campus Rennes (désormais C-Lab) vient de se monter. Des ami·e·s à lui s’y investissent et il se retrouve dans les locaux, mais le coup de foudre n’est pas instantané : « J’avais 23 ou 24 ans et je ne comprenais rien à rien », rigole-t-il en parlant de la technique, qu’il maîtrise désormais.

Un bénévolat salvateur

Passé par plusieurs programmes, l’homme vient désormais deux fois par semaine à la radio, pour les deux émissions où il officie à la technique et fait parfois quelques commentaires au micro : Pat’ blabla et Le Bistrot des copains. Ce bénévolat, il l’explique ainsi « ça m’a presque sauvé d’une forme de vie qui m’aurait déçu. Ça m’apporte tellement de choses et je ne peux plus m’en passer ». S’il s’est déjà essayé à l’interview, ce n’est pas sa tasse de thé et reconnaît humblement « je n’arrive pas à porter l’invité », pourtant l’on pourrait en douter à la manière dont il porte ici notre conversation. Laissant quelques silences opportuns pour que je puisse lui glisser la question suivante. Il évoque aussi son bénévolat à l’association APF France handicap. « Ce sont des personnes qui ont des problèmes d’autonomie, je les accompagne dans les ateliers de loisirs créatifs ». Financièrement, il est autonome avec l’allocation adulte handicapée (l’AAH, qui reste malgré tout sous le seuil de pauvreté) « j’ai envie de renvoyer l’ascenseur grâce à mes engagements », dit-il avec beaucoup de douceur. Les digressions se font naturellement dans la conversation et l’on évoque ses réflexions autour de ses activités bénévoles. Il s’interroge notamment sur l’idée de revenu universel, qu’il considère « compatible avec le bénévolat ».

« La radio c’est comme une prière »

Outre l’ambiance générale qu’il affectionne particulièrement « on rigole, mais on fait toujours de la radio avec sérieux », l’une des choses qu’il apprécie le plus reste la diversité des rencontres qu’il peut faire à Radio Évasion « c’est l’humain avant tout qui m’intéresse et je repars toujours en ayant été nourri intellectuellement ». D’un dessinateur de BD, à un groupe de musique comme au voisin. Une variété qu’il découvre dans les studios ou lorsqu’il allume sa radio. Ce qu’il ne manque jamais de faire à midi (ou pour sa rediffusion à 18h) pour écouter le LEM. « Je suis toujours pris par la qualité des interviews ». Et de ne jamais se lasser d’entendre une personne qui parle d’une chose qu’il aime au micro. Grâce au médium, peut-être, qui lui a aussi appris, à lui, à parler au micro. Et les voix, c’est ce qui lui plaît le plus « j’y suis très sensible », il cite Skyrock dans les années 1990 et un animateur « Maurice », Canal B à Rennes et dernièrement Le Chantier à Clermont-Ferrand. Puis un brin philosophe, résume les mains jointes posées sur la table, le regard au loin par la fenêtre, il réfléchit, « la radio c’est comme une prière ». Autrement dit : l’on ne sait pas si l’on vous écoute, qui vous écoute et il faut y croire pour le faire bien.