[Initialement publié le 31 mars 2022]

Elle ne vient pas de l’univers radiophonique et le précise presque d’emblée. Léa Vasiliu, qui aura « 30 ans dans trois mois », a gardé l’accent du sud, dont elle est originaire et où elle a fait des études de médiation culturelle à la fac de Toulouse. La radio, donc, elle y arrive un peu par hasard. « Après mon master, j’ai fait un stage en médiation à Radio France. Ça m’avait beaucoup plu ! ». Alors, lorsque quelque temps plus tard, en 2019, elle décide de reprendre des études sur le genre à Rennes 2, son premier réflexe est de chercher une radio pour y être bénévole. « Et je tombe sur C Lab. J’avais envie d’y créer une émission féministe, mais il en existait déjà une ». La jeune femme rencontre l’équipe du « retour de Venus », l’un des seuls programmes de l’antenne animée par une femme. Le courant passe immédiatement et elle intègre l’équipe. Le début d’une belle histoire avec la radio.


L’éducation au média


En juin 2020, C Lab cherche une personne pour occuper le poste « chargé·e d’actions culturelles et des ateliers radio », c’est Léa qui le décroche. « C’est le travail que je voulais, mais j’avais abandonné l’idée, je pensais que ça n’existait pas », résume-t-elle avec un sourire qui trahit une passion. Elle y conçoit les projets d’éducation aux médias ou les ateliers radio qu’elle construit avec les partenaires (professeurs, éducat·rice·eur·s…) : du journalisme radio à la création radiophonique. « D’un point de vue sociologique, c’est trop bien ! Tu peux passer de la Maternelle à la prison. » Alors, lorsqu’on prévoit les projets, difficile d’y aller avec des méthodes toutes faites. Mais la chargée d’atelier n’y trouve pas de difficulté, cette pluralité des possibles, toujours en construction, elle la conçoit comme une richesse au même titre que la diversité des personnes avec qui elle travaille. Sur un autre registre,
elle note « un manque de formation sur comment s’adapter aux publics. Par exemple, on n’est pas prévenu de certains problèmes parfois, comme une dyslexie. Et ça peut compliquer les choses ». Or, l’idée pour elle, c’est d’adapter ses ateliers au maximum afin que chacun s’y épanouisse. Dans sa façon de l’expliquer, le ton posé, presque grave, l’on sent à quel point ça lui tient à cœur. D’ailleurs, l’une des choses qu’elle aime, c’est réécouter ses ateliers, « je suis toujours très émue », avoue-t-elle. Cette année, d’ailleurs, elle a quelques projets qui s’étalent d’octobre à juin. Un temps relativement long, où elle peut accompagner, suivre et constater les effets de ses ateliers sur les bénéficiaires : une aubaine ! Et une façon de travailler gratifiante.


Lutte contre le sexisme


Après son arrivée à la radio en 2019, Léa et deux collègues de C Lab proposent de mettre en place une charte ant-sexime à la radio. Le but ? Rendre à la fois C Lab plus accueillante et plus sûre, en faisant en sorte que les femmes et les minorités de genre puissent venir faire de la radio, « sans que celle-ci ne soit pas monopolisée par des mecs cisgenres », explique Léa. Une charte est donc créée, avec de grands principes en interne à la radio et sur le côté éditorial. À côté, une commission est votée en AG, pour qu’une salariée et une membre du CA s’occupent d’une adresse mail à laquelle on peut dénoncer tous comportements ou agressions sexistes. Afin de les accompagner dans la démarche, une journaliste du collectif « Prennons la une » est venue leur prodiguer des conseils et méthodes. Et, un dossier de ressource est désormais accessible à toutes et tous afin de se questionner sur la place des femmes et des minorités de genre dans les sujets traités, dans les playlists… l’écriture inclusive a été adoptée et des outils simples sont là pour aider les salarié·e·s et bénévoles. Si les choses avancent, les chiffres sont encore très masculins. « Il n’y a que 30 à 40% de femmes bénévoles. Très peu font de la technique ou animent des émissions », constate Léa. Mais ces dernières années, les chiffres sont en hausse et ces initiatives devraient aider à tendre vers l’égalité à l’avenir !