Le Musée d’Art et d’Histoire de Saint-Brieuc & Radio Activ’ :

laboratoire de créativité

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[publié le 27/06/2023]

Le 13 mai 2023, avait lieu les nuits européennes des musées. Un temps fort dans l’année, où ces lieux de culture, s’ouvrent à tous et toutes gratuitement. Pour l’occasion, de la tombée de la nuit jusqu’à minuit, au musée d’Art et d’Histoire de Saint-Brieuc, était organisée la restitution du projet « Du musée au micro » conduit tout au long de la saison 2022-2023 avec Radio Activ’ et les élèves de CM2 de l’école Poutrin de Saint-Brieuc, autour de l’exposition « Vivre avec le Joint Français ». Présentée au musée de septembre 2022 à avril 2023.

« Cette exposition a eu un retentissement local important »

Ce jour-là, une salle à l’étage du musée est entièrement dédiée au projet. Des casques tombent du plafond : ils diffusent les quatre modules et l’interview d’un l’artiste de l’exposition, qu’ont réalisés les 24 élèves de CM2. Au mur, des panneaux retracent l’aventure qu’a représentée du « Musée au micro ». Les élèves sont ravi·e·s de présenter à leur famille ce travail au long cours. Une mère écoute au casque, attentive. À côté, un frère réagit avec surprise à ce qu’il entend. Au vu des sourires, pas de doute, les parents sont contents et fiers du résultat ! En tout, c’est 216 personnes qui sont venu·e·s découvrir ce beau travail.

Marcus, l’animateur de Radio Activ’, qui a conduit le projet, est, lui aussi, très heureux. Durant le confinement, il avait déjà mené un projet radiophonique avec le musée. Des pastilles sonores autour de certaines œuvres de la collection, exposés ou non. Une expérience originale et bienvenue pour les auditeurs et auditrices en ces temps de confinement. « Du musée au micro » se place donc dans la continuité de cette belle rencontre, engagée avec le musée et Irianne, la médiatrice. Elle aussi est très contente de cette restitution et de ce travail en commun. La jeune femme a d’ailleurs été aux manoeuvres de la mise en place du projet dans son ensemble, en lien avec la CORLAB et Bretagne musées, puis avec Marcus pour le trinôme costarmoricain. C’est 8 séances de 2 h qui ont été menées, toutes avec Marucs, cinq avec Irianne et trois avec son remplaçant Ozzyel. Qui a pu assister au début de l’aventure.

Marcus, Irianne et Ozzyel, donc, ont travaillé ensemble à la façon de faire découvrir l’exposition aux élèves. Celle-ci portait sur la grève du Joint français à Saint-Brieuc, de mars à mai 1972. À l’époque, un millier d’ouvriers et d’ouvrières y travaillent. Alors que l’usine est détenue par l’un des plus grands groupes industriels de l’époque, les salaires y sont bas : un·e ouvr·ier·ière spécialisé·e gagne entre 800 et 1000 francs par mois, pour 47 heures de travail par semaine. Soit, 20 à 40 % inférieurs pour un travail identique à celle.ceux embauché·e·s à l’usine mère, située en région parisienne. Une lutte est menée pour l’égalité de traitement des ouvriers et ouvrières breton·ne·s et pour une revalorisation  des salaires. Qu’iels remportent. « Cette exposition a eu un retentissement local important », souligne Marcus. En effet, 50 ans plus tard, elle est toujours dans les esprits. Pour les CM2, c’est une histoire culturelle et sociale tangible, dont iels ont déjà pu entendre parler et que les grands-parents ont connue, si ce n’est vécue !

 

S’approprier l’Histoire locale

L’animateur et les médiat·rice·eur·s ont rencontré les élèves sans idées préconçues dans la perspective de construire les ateliers avec eux·elles. Ils ont décidé, tous ensemble, de raconter ce mouvement avec le regard que peuvent y porter des enfants, « ils voulaient nous le faire découvrir à leur manière ». Ce fil directeur s’est révélé efficace et particulièrement inclusif : « les élèves étaient vraiment intéressé·e·s et tous et toutes ont participé », explique Marcus avec fierté. Les enfants répartis en petit groupe de quatre à cinq élèves ont procédé à de la recherche documentaire, ont pu poser des questions à Irianne, Ozzyel et l’équipe du musée. « Cela a donné beaucoup d’échanges avec et entre les élèves ». Une façon d’aborder, entre autres, la question de la solidarité, ou bien les manifestations de l’hiver et du printemps 2023 contre la réforme des retraites. Pour Michèle, leur enseignante, ce travail autour de « Vivre avec le Joint Français » lui a servi « de soutien pour expliquer et mettre en perspective ce mouvement social ». Car l’exposition faisait aussi écho aux luttes d’aujourd’hui et à celles dans le monde : comme le mouvement de révolte au Chiapas dans les années 1990. « C’était d’autant plus intéressant de le faire découvrir aux élèves qu’Ozzyel est d’origine mexicaine et qu’il a pu leur en parler avec son propre regard ! », relate Marcus avec enthousiasme.

Côté radio, Marcus a souhaité orienter les élèves vers la création et l’expérimentation. « Iels ont pu reconstituer l’univers sonore de l’usine, avec les objets à disposition dans leur classe. Avec les crayons, les trousses, les tables… iels ont cherché, expérimenté afin de reproduire les sons que l’on pouvait entendre à la chaine ou dans les manifestations », explique celui que l’on surnomme affectueusement « Tonton » à Radio Activ’. Lors de ces 2 h d’atelier, la classe se changeait en un laboratoire de créativité, « ça passait toujours à une vitesse ! », se souvient Marcus dans un sourire. L’exposition revenait aussi sur tout le patrimoine immatériel, dont les slogans utilisés lors de la grève « les élèves les ont scandés et enregistrés ». Une façon de s’approprier cette Histoire locale. C’est donc quatre courtes pastilles qui ont été produites, « les enfants étaient ravis », explique Marcus, « l’important dans cette aventure n’est pas le résultat à proprement parler, mais l’aventure qu’iels ont vécue. Ce qu’iels ont appris, compris, expérimenté ! ».