MÉMOIRES DE VI(LL)ES : PONT-CROIX


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Lomik Savina © Sarah Chajari – L’atelier du canal

Mémoires de vi(ll)es est un projet de collectages radiophonique porté par l’association Petites Cités de Caractère® de Bretagne et la Coordination des radios locales et associatives de Bretagne (CORLAB). Le projet Mémoires de vi(ll)es s’est déroulé à Pont-Croix de juillet à septembre 2023. Il a été réalisé par la radio Transistoc’h (Radio Évasion), basée au Faou.

LES HABITANT·E·S

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Lomik Savina et Davy © Sarah Chajari – L’atelier du canal

LOMIK SAVINA

Dans son hangar de Pont-Croix, Lomik Savina (73 ans) rénove des autos-tamponneuses des années 1960 depuis qu’il est à la retraite, après une carrière de kinésithérapeute. Un rêve de gosse qui vise à préserver le patrimoine forain. Lomik a découvert la passion des foires et particulièrement des auto-tamponneuses grâce à une partie de sa famille qui est foraine, avec laquelle il a passé beaucoup de temps. Avec ses propres économies, il s’est lancé dans un travail gigantesque de restauration, en équipe avec son cousin Jean-Jacques et Maryvonne. Lomik voudrait en faire un vrai musée et voyager dans d’autres communes. Une passion sans fin.

JEAN-YVES GRIFFON

Né dans une commune proche à Beuzec-Cap-Sizun, Jean-Yves Griffon est arrivé à Pont-Croix en 1970 pour suivre son épouse. Il était gérant d’une société de commerce de bois avant de reprendre l’affaire de torréfaction de son prédécesseur avec sa femme, animés par la même passion. Il est entouré de plusieurs employés dont fait partie Michel Jambou, ancien mécanicien tombé dans le métier par hasard en 1990 et passionné aujourd’hui.

Jean-Yves Griffon © Sarah Chajari – L’atelier du canal

Françoise Decourchelle © Sarah Chajari – L’atelier du canal

FRANCOISE DECOURCHELLE

Artiste originaire du Loir-et-Cher, Françoise Decourchelle (79 ans) est tombée sous le charme de Pont-Croix par hasard « un jour où le mimosa était en fleurs », et décida rapidement de venir s’y installer. Elle n’a plus quitté la commune depuis 1979 et est devenue une figure de la vie culturelle, associative et politique de la cité. Correspondante au Télégramme pendant 20 ans, créatrice de l’association des Loisirs Ateliers de Pont-Croix, Françoise a également mené un grand travail de recherches sur la ville en vue d’une exposition sur les peintres.

LES ÉPISODES

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Ça tamponne le patrimoine

Lomik accueille Davy, l’animateur radio, dans un univers fascinant qui marie le charme intemporel des fêtes d’autrefois avec une créativité contemporaine. A l’extérieur, les voitures éclatantes sont mises en scène dans une semi-remorque tandis qu’à l’intérieur elles sont entreposées autour d’une piste de 10 m de long. En allumant l’électricité pour tester les voitures, néons et guirlandes lumineuses s’allument. Il y a de la musique Rock’n’roll en fond, l’ambiance est conviviale.

 « Le manège phare des années 50-60, c’étaient les autos-tamponneuses qui avaient un peu détrôné les chevaux de bois. Maintenant il y a les manèges à sensations à double ou triple rotation, les jeunes raffolent de ça. Les autos-tamponneuses se sont mis un petit peu en retrait par rapport à toutes ces machines de guerre. »

Lomik Savina

Savina, une entreprise familiale qui a du goût

Entreprise historique du Cap-Sizun, née en 1902, la brûlerie de Pont-Croix n’a cessé depuis trois générations de perfectionner son savoir-faire, gardant à la torréfaction son caractère artisanal. Jean-Yves nous raconte l’histoire du café, débarqué comme marchandise depuis le XVIIIème siècle à Nantes puis par cabotage à Audierne et Pont-Croix. Il revient aussi sur la genèse de l’atelier, fondé en 1902 par le grand-père de Lomik Savina, Guillaume et sa compagne Marie, et l’évolution des techniques. Michel souligne quant à lui les enjeux de la transmission par les anciens pour préserver les savoir-faire du métier. Une chose est sûre, les effluves de café laissent un souvenir savoureux !

« Le cabotage était beaucoup plus sûr et plus facile que le transport routier. C’est pour ça que les épiciers en gros et les marchands de vins étaient toujours en fond de ria, comme est Pont-Croix. Ensuite c’était distribué avec charrettes et chevaux. »

Jean-Yves Griffon

Une Petite Cité de Caractère sous haute tension

Le regard pétillant, Françoise ouvre joyeusement la porte de la maison, surplombant la Grande rue Chère et ouvrant sur la place du marché, décorée de peintures et de sculptures. Autour d’un café, elle partage la convivialité d’autrefois : dans les cafés, lors des foires commerciales ou les fest-noz…. Très attachée à son terroir maritime, Françoise relate aussi la lutte citoyenne de grande ampleur qui s’est mise en place entre 1975 et 1981 lorsque le petit village de Plogoff avait été choisi pour abriter une centrale nucléaire. Les manifestations étaient alors nombreuses, Françoise était impressionnée de voir les femmes tenir tête aux gendarmes et des milliers de citoyens se mobiliser.

« Je me souviens de mon premier fest-noz, c’était à Notre-Dame-de-Kérinec. Tout le monde dansait, les vieilles personnes, les jeunes personnes, les enfants. On a trouvé ça lumineux. »

Françoise Decourchelle

PONT-CROIX, LA CAPITALE DU CAP SIZUN

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Située sur la route de la Pointe du Raz, entre Douarnenez et Audierne, Pont-Croix, capitale du Cap-Sizun, est juchée sur un promontoire dominant la ria du Goyen. Cette cité de premier pont de fond d’estuaire s’est épanouie près d’un gué, trait d’union entre le Pays Bigouden et le Cap-Sizun.

Les premières traces de présence humaine remontent au Néolithique. Le site est occupé sous l’Antiquité : une villa gallo-romaine a été mise au jour en 1971 au lieu-dit Kervenennec. Une partie du dallage d’undes thermes de cette villa est aujourd’hui exposée au Musée départemental breton de Quimper.

La cité, qui aurait été édifiée au XIe siècle autour d’une motte castrale, est mentionnée dans les écrits dés le XIIIe siècle. Bien qu’il ne reste plus de vestiges de l’ancienne place forte, la forme triangulaire de la butte et sa double enceinte se voient encore dans le tracé de la rue de la prison, de la rue aux oeufs.

Le bourg castral se développe sur les hauteurs, entre le château et l’église Notre-Dame-de­ Roscudon, avant de gagner les ruelles escarpées qui se prolongent jusqu’au Goyen en contrebas. Cet emplacement spécifique lui confère un rôle commercial et religieux.

Plusieurs familles se succèdent à la tête du fief de Pont-Croix. La plus illustre est la maison de Rosmadec. De 1404 à 1700, celle-ci dirige la cité et encourage son essor. Centre d’une seigneurie s’étendant sur plusieurs paroisses, Pont-Croix offre ainsi des revenus considérables qui permettent à ses seigneurs de financer, en particulier, l’agrandissement de l’église érigée en collégiale.

Pont-Croix fait figure de cité puissante car elle détient des fonctions judiciaires et administratives. Elle est successivement devenue centre de châtellenie érigée en marquisat par Louis XIII, siège de district à la Révolution puis chef-lieu de canton.

La capitale du Cap-Sizun a toujours affirmé sa personnalité et aujourd’hui, la cité rayonne grâce à son riche patrimoine, ses activités artistiques, artisanales, ses événements annuels et son cadre de vie. En 2017, Pont-Caix a été retenue pour être la porte d’entrée du Grand Site de France « Pointe du Raz en Cap-Sizun ».