MÉMOIRES DE VI(LL)ES : MONCONTOUR


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Photographie © Sarah Chajari – L’atelier du canal

Mémoires de vi(ll)es est un projet de collectages radiophonique porté par l’association Petites Cités de Caractère® de Bretagne et la Coordination des radios locales et associatives de Bretagne (CORLAB). Le projet Mémoires de vi(ll)es s’est déroulé à Moncontour de juillet à septembre 2023. Il a été réalisé par Radio Activ’, basée à Langueux.

LES HABITANT·E·S

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Après avoir passé toutes leurs vacances d’été à Moncontour dans la maison de leurs grands-parents, étant enfants, Jacqueline Grattesat et André Fourchon, frère et sœur, sont venus s’y installer l’un après l’autre. Jacqueline y racheta un salon de coiffure avec son mari tandis qu’André s’y installa à la retraite, où il prit les fonctions de Maire de la cité médiévale de 2016 à 2020.

Marie-Thérèse Gallais (96 ans), habite la gare de Moncontour, un lieu-dit limitrophe à la commune. Elle nous accueille chez elle avec le sourire, dans sa salle à manger où se trouvait anciennement le Café du rocher.

Jacky Berthelot (66 ans), Moncontourais depuis toujours et Colette Gorgeart, sont issus de deux générations différentes et s’échangent leurs impressions sur la ville. 

André Fourchon © Sarah Chajari – L’atelier du canal

Jacqueline Grattesat © Sarah Chajari – L’atelier du canal

Marie-Thérèse Gallais © Sarah Chajari – L’atelier du canal

Clémence Mazurier en stage aux Petites Cités de Caractère® de Bretagne © Sarah Chajari – L’atelier du canal

Colette Gorgeart © Sarah Chajari – L’atelier du canal

LES ÉPISODES

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Vassili Ollivro conteur et conseiller municipal © Sarah Chajari – L’atelier du canal

Des vacances d’été à la vie moncontouraise

C’est à la Résidence des arts que nous les retrouvons avec Vassili Ollivro, conseiller municipal et conteur, au milieu des innombrables tableaux exposés par Jacqueline : fleurs, motifs impressionnistes et autres vues de Moncontour. Ensemble ils partagent leurs souvenirs de jeunesse et nous font goûter à l’ambiance des fêtes religieuses où s’adjoignaient le commerce et la musique. Les costumes traditionnels bretons pour la Pentecôte ont marqué les esprits. De manière générale, les enfants s’amusaient bien ; à l’époque les loisirs n’étaient pas les mêmes et on passait sa vie dehors. La campagne était à l’heure du soleil tandis que la ville était à l’heure officielle. Tout le monde avait des poules et des lapins dans les cours, on les sortait dans la rue et les faisait rentrer le soir. Les vêtements étaient lavés au lavoir, haut lieu de sociabilité et de commérages. Les commerces battaient aussi leur plein et l’on trouvait de tout à Moncontour : des bouchers, charcutiers, boulangers, cordonniers, quincailliers mais aussi, adossé à l’église, un cabaret, où l’on servait à boire et à manger. André dit qu’il lui a fallu 5 ans pour être intégré à Moncontour, lui qui ne se considérait pas comme « un vrai Moncontourais ». Ils s’y sont finalement bien enracinés et ont suivi ses évolutions, comme l’apparition du tourisme grâce à la marque Petites Cités de Caractère®. Tous deux gardent un souvenir nostalgique des fêtes médiévales (dont la toute dernière édition a eu lieu en 2017).

« Les parents m’envoyait à Moncontour pour que je grossisse, les galettes saucisses étaient nombreuses. » 

Jacqueline Grattesat

Marie-Thérèse Gallais et Vassili Ollivro © Sarah Chajari – L’atelier du canal

Gare aux écoliers !

À l’époque, Marie-Thérèse habitait au Vauclair, à 2 km de Moncontour. Son mari tenait une forge où ils vendaient quelques produits de dépannage. Avant l’arrivée du chemin de fer, une voiture surnommée « la chouette » circulait en campagne, sifflant pour annoncer son arrivée ! Aujourd’hui, le circuit de la chouette, praticable à pied, rappelle sa présence.

Marie-Thérèse se souvient très bien de ses trajets vers l’école et nous fait entendre le bruit des sabots des écoliers sur les pavés. Certains enfants venaient d’encore plus loin et marchaient 4 ou 5 km par jour, 1 à 2 fois par semaine. Les cours de catéchisme le midi étaient courants mais il arrivait à Marie-Thérèse de s’absenter pour aider à la ferme. Volontaire, la moncontouraise a exercé plusieurs métiers dans le domaine du nettoyage et de l’action sociale, au sein de commerces, du collège puis chez des particuliers du territoire. Deux thèmes prévalent aussi dans les échanges : le dynamisme commercial de la ville-centre, avec ses nombreux commerces et sa foire aux bestiaux, et enfin l’évolution des médias.

« On allait en sabot avec des clous en dessous. Ça faisait du bruit. Et à Moncontour, il y avait des pavés alors on savait que c’était les écoliers. On arrivait en groupe, on avait du plaisir. »

Marie-Thérèse Gallais

Le temps des fêtes

Jacky Berthelot (66 ans), Moncontourais depuis toujours et Colette Gorgeart, sont issus de deux générations différentes et s’échangent leurs impressions sur la ville. Une cité qu’ils se remémorent pleine de vie, grouillant d’enfants et où les fêtes religieuses occupaient une place très importante. Jusque dans les années 1990, le pardon de Saint-Mathurin était encore très vivant, plus d’un millier de personnes se réunissait chaque samedi de Pentecôte pour assister à la procession. À une époque où la voiture était encore rare, les festivités duraient tout un week-end. Une fête foraine et une course cycliste était organisées, attirant foule dans les rues et les cafés. La réflexion s’élargit aussi au thème de l’école, où chacun se reconnaîtra.

« Ma mère me disait que les gens venaient de très loin et parfois en carriole, à Moncontour, pour le pardon de Saint-Mathurin. C’était réputé et ça générait énormément de monde. »

Jacky Berthelot

Seconde Guerre mondiale, commerce et mœurs actuelles

Les troubles de la Seconde Guerre mondiale n’ont épargné personne. Si Colette a vécu cette période, Jacky lui, non, mais il en a entendu parler et le traumatisme s’est transmis. D’ailleurs, la conscience des évolutions techniques qui ont suivi, qu’il s’agisse du progrès ou du réchauffement climatique, entraîne chez lui une véritable inquiétude vis-à-vis de l’avenir de l’homme. Au fil des échanges, on découvre aussi des formes de sociabilité d’antan, comme la coutune au nouvel an d’aller visiter toutes les maisons du quartier afin d’y souhaiter la bonne année. Il est aussi question des traditions agricoles des marchés aux bestiaux, lorsque les chevaux étaient accrochés à côté de la « pyramide » : nom donné par les Moncontourais à l’édifice du Champ de foire. Colette nous livre aussi son attachement à l’église Saint-Mathurin, lieu de sérénité et de contemplation aux vitraux remarquables.

« Dans l’église de Moncontour, à droite, j’adore ce vitrail, c’est la sortie de la Pentecôte de Moncontour […] il faut voir l’habillement des gens, ils ont tous des grandes robes. »

Colette Gorgeart

La relation au patrimoine

Une chose est sûre, les Moncontourais savent accueillir et orienter les visiteurs de passage. A ceux qui imagineraient voir l’ancien château, aujourd’hui en ruine et peu lisible du fait des constructions privées sur les remparts, ils invitent à emprunter les chemins de traverses et s’aventurer dans les ruelles. Difficile en tout cas d’avoir un « coin préféré », tant chaque endroit a son charme et en toute saison. Jacky et Colette nous font aussi découvrir le visage paysan de Moncontour car à l’époque il y avait bel et bien des fermes et des jardins cultivés ! La plupart d’entre eux ont désormais disparu, modelant une cité minérale dans un écrin de verdure. Si les règles des Architectes des Bâtiments de France sont parfois considérées comme une charge par les particuliers, elles permettent la sauvegarde et la transmission d’un patrimoine de qualité et au combien atypique. Un bel échange qui donne envie de (re)découvrir la ville au détour de ces chemins d’histoire.

« Beaucoup s’imaginent qu’à Moncontour lorsqu’ils arrivent et voient les remparts, qu’ils peuvent y accéder et visiter, alors qu’on ne peut pas, c’est privé. Donc je les envoie un petit peu dans toutes les petites ruelles. Je leur dis de descendre la rue Saint-Michel parce que, les petites maisons à droite qui sont un peu typiques, c’est avec des portes basses et tout. »

Jacky Berthelot

MONTFORT-SUR-MEU : LE PÔLE HISTORIQUE DU PAYS DE BROCÉLIANDE

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Cité millénaire, Moncontour dresse sa silhouette massive dans un précieux écrin de verdure. L’éperon rocheux sur lequel est construite la place forte culmine à 136 mètres d’altitude et offre une défense naturelle de qualité pour les seigneurs successifs et les habitants.

L’existence de Moncontour est attestée depuis le XIe siècle. Il s’agit dès le départ d’un petitchâteau duquel dépend un bourg vraisemblablement fortifié. Au fil des siècles, l’enceinte et le château sont agrandis et modernisés au gré des progrès de la poliorcétique.

Au Moyen-âge, les remparts constituent un refuge pour les populations lors des périodes de troubles et favorisent le développement de la cité qui devient le siège d’une importante châtellenie. C’est alors une redoutable forteresse qui est le théâtre de plusieurs affrontements. Autour du bourg castral, se développent des faubourgs où l’artisanat, les activités agricoles ou industrielles et les ordres religieux prospèrent.

La place est fortement éprouvée pendant les guerres de la Ligue (1589 – 1599). Une partie du rempart est la cible des canons du Duc de Mercœur qui y causent une importante brèche. En 1626, la participation de César de Vendôme, propriétaire de Moncontour, à un complot contre son frère Louis XIII, entrainera la destruction partielle des fortifications sur ordre de Richelieu. C’est à cette époque que l’activité toilière prend son essor et permet à la ville de continuer à prospérer. Moncontour fait partie des villes qui participent au commerce des toiles en Bretagne entre le XVIIème et le début du XIXème siècle. Les marchands de toiles se font alors construire de riches demeures et Moncontour connaît alors une forte croissance démographique.

Les troubles de la Révolution n’épargnent pas la cité. Ville plutôt républicaine dans une campagne largement royaliste, les alentours seront le théâtre de nombreux affrontements meurtriers entre républicains et chouans, mouvement contre- révolutionnaire apparu en réaction aux mesures politiques et anticléricales prises en 1791.

Aujourd’hui, la cité affirme plus que jamais son ancrage dans le XXIème siècle. Forte de sa richesse patrimoniale, Moncontour accueille de nombreux évènements artistiques et culturels. Son cadre historique et naturel lui vaut d’être une destination touristique incontournable et d’être labellisée Petite Cité de Caractère®.