Du musée au micro
Radio Kerne / Musée de Bretagne / Ecole Diwan-Blosne
Situé dans le centre de Rennes, le Musée de Bretagne est un lieu de partage de l’histoire et de la mémoire collective du territoire à l’identité singulière. À travers ses collections et ses expositions, il retrace la vie des femmes et des hommes qui ont façonné la Bretagne, depuis la Préhistoire jusqu’à nos jours.
Pour les élèves de CE2 et CM2 l’école Diwan de Rennes – Blosne, ce musée n’a pas été qu’un simple lieu de visite : il a été une source d’inspiration et un terrain de création. L’exposition « Histoire de Bretagne – De la Préhistoire à la Révolution » a servi de point de départ à leur aventure radiophonique. En observant les œuvres et les objets exposés, les enfants ont puisé des idées, inventé des personnages et imaginé des histoires où le passé et la fiction se mêlent. Grâce à ce projet, le musée est devenu pour eux un espace vivant, ouvert à l’imaginaire et à la langue bretonne.
Imaginer des histoires à partir du passé
Tout a commencé par une visite au Musée de Bretagne accompagné de Pascal Nignol, médiateur culturel bretonnant du lieu. Entre les vitrines, les outils préhistoriques, les maquettes, les statuettes, les objets et les tableaux, les enfants ont observé, posé des questions. Les apprentis journalistes ont saisi l’occasion pour réaliser un reportage sur la vie du musée et sur le métier de médiateur culturel… intégralement en breton.
La deuxième visite du musée a surtout été l’occasion de laissé libre cours à leur imagination. Et si ces objets pouvaient parler ? Que raconteraient-ils ? Les élèves, repartis en petits groupe, ont sélectionné certains objets du musé, les objets qui les inspiraient. L’objectif étant de donner vie à ces objets, à travers la réalisation de fictions radiophoniques dans lesquelles l’objet choisi serait au centre de l’histoire. Et une fois de plus, ces fictions ont été intégralement réalisées en breton.
Une expérience riche et formatrice
Pendant plusieurs semaines, les enfants ont travaillé en petits groupes pour réaliser leur fiction radiophonique. Ils et elles ont appris à rédiger pour la radio : phrases courtes, dialogues vivants, narration claire. Après s’être renseigné sur les objets sélectionnés, les jeunes ont dû inventer un scénario, écrire la narration, donner vie à des personnages. Puis, place à l’enregistrement !
Encadrés par leur enseignante et Tangi Poisson animateur à Radio Kerne, les élèves ont découvert les secrets du micro et de la prise de son. Certain-e-s ont prêté leur voix à des soldats, d’autres à des bardes ou à des personnages imaginaires tout droit sortis de leur imagination. Les élèves ont également enregistré des bruitages et choisi des musiques, dans le but de donner vie à leurs histoires.
Au-delà de la création artistique, ce projet a permis aux enfants de développer leur expression orale, leur écoute, leur esprit d’équipe. Cette expérience a aussi permis aux élèves de parfaire leur maîtrise du breton, et de faire sortir le breton de la salle de classe. Ils et elles ont aussi appris que l’on peut raconter autrement l’Histoire, en mêlant patrimoine et imagination.
Pour beaucoup, c’était une première expérience radiophonique – et peut-être le début d’une vocation !
« Les bénéfices de ce projet original ont été divers et variés pour les élèves. Ils ont gagné en autonomie, en confiance ou encore en aisance et fluidité orale puisqu’ils avaient une bien meilleure diction en breton. »
Ecouter les épisodes
Interview de Maiwenn Guérin – Enseignante à l’école Diwan-Blosne
Comment s’est déroulée l'articulation du projet avec le programme scolaire ?
« J’ai pu faire des liens avec le programme d’histoire-géographie – istor-géo puisque les élèves ont pu identifier des objets de la préhistoire à nos jours. Ils ont été nombreux à sélectionner des objets de la Seconde Guerre mondiale comme un masque à gaz. Ils ont pu imaginer le mode de vie des Bretons ruraux au sein des fermes dans les années 1950. »
Avez-vous observé des effets du projet sur la posture des élèves vis-à-vis des médias, de la culture ou de leur territoire ?
« Les élèves étaient très enthousiastes à l’idée qu’on les laisse libres d’essayer le matériel de son de la radio. D’autant plus que Tangi [animateur à Radio Kerne] avait une super posture avec les élèves, il leur laissait beaucoup d’espace et d’imagination pour utiliser le matériel de son de la radio. Puis, je pense que ça leur a permis d’entrevoir concrètement un avenir pour la langue bretonne grâce à la diffusion du breton sur Radio Kerne. C’était une réelle chance d’avoir à sa disposition des outils radiophoniques pour notre école qui manque de moyens numériques. »
Pensez-vous que ce type de partenariat peut aider à renouveler les pratiques éducatives, en croisant les disciplines ?
« Ce genre de projet permet de valoriser la langue et la culture bretonne. A Diwan, on n’a pas que des élèves qui ont une culture générale bretonne. Donc ce genre de projet permet vraiment de valoriser et renforcer la langue et la culture bretonne chez nos élèves. A l’avenir, je pense qu’on pourrait aller plus loin dans la visibilité du projet et davantage le destiner à un public extérieur. »