[Initialement publié le 7 mars 2022] 

La moquette rouge, au bordeaux délavé par le temps, qui tapissait les sols de la radio C Lab, a disparu au profit d’un linoléum à l’aspect carrelage. Située depuis ses débuts en 1996 dans le bâtiment Erève de l’université Rennes 2, sur le campus de Villejean à Rennes, une petite rénovation s’imposait. 100 mètres carrés mis à disposition par la fac, retapés à l’été 2021, qui lui donne un petit coup de frais. Finis le rouge désormais, à l’exception d’un mur laissé intact dans le studio. Dans la salle qui fait office d’entrée, quatre ordinateurs, les uns en face des autres. Ceux de la rédaction qui anime l’émission quotidienne (tous les jours de la semaine sauf le mercredi) : L’(in)attendue. Animée par Claire messager et trois services civiques, l’équipe est épaulée par des bénévoles. Dans la pièce d’à côté se dévoile par une vitre, le bureau des quatre autres employé·e·s à plein-temps.

« C Lab c’est un tremplin pour devenir journaliste »

En face le long du mur, des ordinateurs encore, « ceux-ci sont pour les bénévoles, ils peuvent y monter leurs sons », explique l’actuel président de C Lab, Kevin Dufreche, élu en novembre dernier. Tous les ans, dans les 150 bénévoles viennent à C Lab « une radio jeune, avec une moitié à peu près d’étudiant·e·s, beaucoup ne restent qu’une année ». Le parcours du jeune homme est d’ailleurs, de différentes manières, représentatif de la radio et de son attachement à elle. Alors qu’il est en fac d’histoire et se destine au professorat, il devient bénévole à ce qui s’appelle encore Radio Campus Rennes. « La radio est devenue C Lab en 2016 pour ses 20 ans, on voulait sortir de l’étiquette “étudiante“ qui est trop réductrice. Nous sommes à Rennes 2 mais nous parlons de beaucoup d’autres choses. Même si le nom a changé, nous faisons toujours partie du réseau Radio Campus France ». Il y participe à une émission durant trois ans et en 2015 il postule pour y être en service civique. À la Suite de cela, il intègre une formation de journalisme à Montpellier et rentre en alternance à Radio France, où il est désormais au planning. « C Lab c’est un tremplin pour devenir journaliste », estime le jeune homme aux grands yeux marron. Car certains des bénévoles passé·e·s par la radio ont fini par intégré des médias. La plus célèbre d’entre-t-elle ? Anne-Claire Coudray au journal de TF1 sûrement. Quand d’autres restent fidèles au poste. Comme l’une des plus vieilles émissions de la grille : En attendant Godart, consacrée au cinéma, programmée le mardi à 19h depuis 14 ans.

De nouveaux enjeux

Côté ligne éditoriale « on essaie de donner le plus possible la parole à celles et ceux que l’on n’entend pas ou peu. On va beaucoup s’intéresser aux luttes sociales, aux questions de société ». La musique, quant à elle, a pris un tournant plus funk ces dernières années sous l’impulsion de Thomas Guézou, l’animateur de l’émission quotidienne musicale et programmateur de la radio. De nouveaux enjeux s’ouvrent d’ailleurs en programmation, comme ceux de passer plus d’artistes femmes ou de genre minoré. « Le 8 mars nous avons fait une journée spéciale sur le droit des femmes, toute la grille était banalisée, nous avons fait des émissions dédiées au sujet et la playlist était uniquement féminine », relate Kevin.

Pour l’avenir ? « Réussir à garder le cap de tout ce qui a été fait ces dernières années », résume le garçon. La lutte contre le sexisme, la place des femmes au CA, travailler sur les ateliers radios et les dossiers techniques comme l’arrivée du DAB+ où C Lab s’est, sans surprise, positionné sur Rennes. « Et puis après ces années covid, on a très envie de sortir et de faire plein de plateaux ! », conclut-il, enthousiaste.