L’Écomusée des Forges d’Inzinzac-Lochrist
                               Radio Balises :

la curiosité est un moteur

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[publié le 23/06/2023]

Depuis l’automne 2023, Radio Balises participe au projet Du musée au micro avec l’Écomusée des Forges d’Inzinzac-Lochrist et les apprentis du CFA du Talhouët à Hennebont. Le jeudi 11 mai 2023 avait lieu le dernier atelier, dédié à l’enregistrement des émissions intitulées L’eau et le feu, (choisi par les élèves, comme la devise d’Inzinzac-Lochrist) qui ont été imaginées et construites avec les élèves au fil de l’année.

Une évidence éducative

C’est au lycée que cela se passe. Celui-ci est perché en haut d’une colline de la ville, en contre-bas, coule Le Blavet. Sur la rive d’en face, on trouve les restes des anciennes forges d’Inzinzac-Lochrist et son écomusée qui raconte, entre autres, avec ses collections, l’histoire et l’évolution du paysage. Le choix de travailler avec cet établissement scolaire était évident d’un point de vue géographique, mais aussi, éducatif : puisque les élèves impliqué·e·s sont en terminal bac pro qui regroupe une vingtaine d’élèves de 18 à 24 ans, en formation « production horticole » et « aménagement paysager ».

À l’entrée de l’établissement, on m’indique gentiment où se trouve le studio éphémère. Il est dans une salle dont je n’ai pas réussi à saisir la dénomination… Je finis par comprendre, qu’ici, les classes portent des noms de plantes. À gauche, tout droit, à gauche… Puis l’incertitude, vite dissipée : un élève en pause m’indique la bonne salle, « ah oui, la radio ! C’est juste là ». Avec un ton d’évidence qui révèle la petite animation que constitue la journée d’enregistrement au sein du lycée. S’il s’y déroule, d’ailleurs, c’est par commodité : comme les groupes se succèdent, inutile de banaliser la journée. Du reste, celle-ci est un peu raide pour certain·e·s, qui passent leur bac blanc, juste avant ou juste après l’enregistrement de l’émission.

Dans la pièce, qui a été transformée en studio pour la journée, une moquette bleue au sol feutre un peu le bruit. Une table au milieu, sur laquelle quatre micros se font face, et derrière, juste devant la grande baie vitrée et le vert éclatant de l’extérieur, Damien Tillard de Radio Balises a installé la régie. Un groupe de trois garçons terminent leur émission. Damien derrière les manettes, porte une chemise décontractée dans un style années 80. Il apparaît détendu et bienveillant.

« Les élèves deviennent les médiateurs du paysage qu’ils racontent »

À côté du plateau, il y a Chloé, la médiatrice du musée en charge du projet et Eric. Ce dernier est le formateur en éducation socio-culturelle (ESL) qui encadre les ateliers radios. Il précise, « lorsque l’on s’occupe de CFA, on est formateur plutôt, c’est un travail entre enseignant et éducateur ». Il continue, « c’est un enseignement qui vient de l’éducation populaire dont le but est d’amener les élèves vers des sujets culturels, de faire de l’éducation aux médias, de la communication autour des réseaux sociaux… », explique-t-il. Du musée au micro, rassemble de fait plusieurs axes de son programme ! Les élèves terminent en indiquant les coordonnées et information au sujet du musée. On les sent un peu soulagés d’avoir fini. Chloé réagit, « ce dernier atelier, c’est du concret pour les étudiant·e·s, d’abord avec l’enregistrement de l’émission, et puis, surtout, cela sera diffusé sur Radio Balises et lors des journées du patrimoine au musée des Forges ». Forcément, il y a de quoi être nerv·eux·euse ! « Mais c’est un challenge et un beau moment d’expression qui est très chouette pour eux », assure notre formateur.

Ces émissions, les élèves les ont préparées durant toute l’année scolaire 2022-2023. Cinq séances se sont déroulées à l’écomusée (trois pour visiter le musée et deux pour produire des reportages), cinq au lycée pour préparer l’émission et une dans les locaux de Radio Balises pour visiter son studio. Six groupes de 3 à 4 personnes se sont constitués et chacun a choisi le sujet sur lequel allait porter l’émission à créer.

Les forges : mosaïque anthropique

L’US Montagnarde

Mémoire des luttes ouvrières

Migrations ouvrières

Paysages du Blavet

Habiter aux forges

Dont iels ont choisi le format : une émission d’une demi-heure, avec un·e invité·e, deux reportages et quelques interludes musicaux. Les reportages, d’ailleurs, ont été enregistrés par les élèves ; puis Damien a mené avec eux·elle une séance de dérushage, « chaque groupe a identifié ce qu’il voulait utiliser dans le reportage et je me suis chargé du montage ». Les groupes s’approprient ainsi le média radio comme le sujet dont ils traitent. « Les élèves deviennent les médiateurs du paysage qu’ils racontent », souligne, Chloé. Les Forges, c’est un lieu emblématique, dont l’histoire n’était pas forcément connue des élèves. « Ils y vont le soir pour boire des bières, mais n’avaient pas idée de toute cette mémoire ! » Sur l’ensemble, ils ont tous et toutes compris·e l’importance de ce lieu, qui raconte aussi l’histoire de la Bretagne. Elle ajoute avec douceur, « et puis, prendre la parole et savoir qu’elle sera diffusée, ça les valorise aussi ». Eric conclut, « iels ont des approches et une spontanéité hyper intéressante, ça peut parfois être difficile à recadrer », il sourit, « mais c’est du savoir-vivre ensemble ».

« Le meilleur guide pour l’interview c’est la curiosité »

À 16 h, c’est au tour du dernier groupe. Trois jeunes hommes, qui semblent très investis dans le projet. On sent qu’ils ont travaillé en amont et qu’ils attendaient cet enregistrement entre hâte et appréhension. L’un d’eux, Hugo, se charge d’ailleurs d’aller présenter le travail au musée, lors des journées du patrimoine. L’invité arrive, il est accueilli chaleureusement, on lui propose du café, il accepte. Le retraité a, à plusieurs reprises au cours de sa carrière professionnelle, pris la parole au micro. Il est ravi de pouvoir participer à cette émission qui permet aux jeunes de s’exprimer. À la technique, Damien lance une première prise, comme une mise en selle. Et puis l’émission commence. C’est Paulin qui lance les hostilités : c’est un animateur né, la voix est posée, le ton sûr. Damien regarde ses poulains avec le sourire. Acquiesce de la tête pour les encourager. On sent qu’il est fier d’eux. On diffuse le premier reportage, moment de répit sur le plateau, Hugo se tourne vers Chloé et Éric et dit en rigolant, « ça ne se voit peut-être pas, mais je galère ». C’est le plus taciturne qui clôt l’émission, dans un sans-faute ! Lorsque l’on pense à la difficulté pour une personne timide de réussir à s’exprimer en public, on imagine bien à quel point réaliser cette émission a pu pousser certain·e·s à se dépasser.

À la fin, ça débriefe. C’est un moment informel, comme suspendu, où les barrières tombent : le dialogue est fluide, la transmission douce. Pas étonnant, lorsqu’on envisage la radio comme une chose relevant de l’intime et du partage. « Le meilleur guide pour l’interview, c’est la curiosité. C’est là-dessus que l’on va créer l’échange », explique avec conviction et tendresse Damien. Hugo, particulièrement à l’aise au micro, nous confie qu’il avait déjà fait de la radio « avec des potes pendant le confinement, on a fait de la radio sur Internet ». Et alors, vont-ils écouter leur émission ? « Oui bien sûr ! Je la ferai également écouter à mes parents », assure Hugo quand son camarade Paulin appréhende un peu plus de s’entendre, « ah moi, je vais voir ! », dit-il, malicieux.

Ces reportages sont diffusés sur les ondes de Radio Balises jusqu’à l’automne 2023 et de façon pérenne sur le site de la radio.