Il fait beau ce mercredi 27 avril à Sérent (56) et des chants d’oiseaux résonnent tout autour des locaux de Plum’FM. De bon augure, lorsque l’on va visiter une radio qui revendique son identité visuelle autour des volatiles. Elle se trouve dans une ancienne école à deux pas du bourg, depuis 2009. Une sorte de grand rectangle blanc de plain-pied. En face, un skate park, où un enfant profite de son mercredi matin pour s’entraîner à faire du BMX ; il tombe, mais courageux, repart à l’aventure. Il est 9h et la radio se remplit petit à petit. La directrice, Jessica Quirin, arrive. Elle doit ensuite partir au musée de la résistance à Saint-Marcel pour une journée d’atelier radio avec l’EPHAD de Malestroit (56). Le rythme est soutenu, comme toujours. Autour d’un café, elle prend néanmoins le temps de raconter avec cette voix calme et captivante qu’elle dégaine au micro, l’histoire de « Plum’ ».

De l’IME à la diffusion FM

Tout commence à Plumelec (56), la commune voisine, à l’ouest de Sérent, dans un Institut Médico Éducatif (IME). Les éducatrices et éducateurs spécialisé·e·s qui y travaillent cherchent alors à pratiquer des ateliers culturels et artistiques avec les jeunes qui y résident. Ils les sondent au sujet des activités qu’ils aimeraient pratiquer et deux choses reviennent : de la vidéo et de la radio. Après un essai de la première qui n’est pas concluant, l’équipe se dirige vers la seconde, qui elle, marche à fond ! Rapidement, on se rend compte que la radio est un super outil d’animation pour l’équipe et d’expression pour les résident·e·s. Si au début, les émissions s’écoutent uniquement dans l’IME, elles commencent à faire du bruit dans le bourg de Plumelec et FR3 Bretagne vient tourner un reportage sur cette radio pas comme les autres. Et puis de façon naturelle, en 1990, l’association Plum’FM Radio se constitue et demande une fréquence au CSA (actuel AROCM). Elle est accordée en mai 1992 avec le 102.1 FM.

La diffusion sur les ondes implique quelques obligations, dont 4h d’informations locales par jour et une programmation d’intérêt, lui aussi, local. Mais pas évident pour l’équipe d’éduc’ de remplir la grille. Alors, un premier technicien est embauché et des bénévoles arrivent petit à petit. L’aventure est lancée : place à une radio associative dynamique ! Au tournant des années 2000, la radio quitte l’IME pour le bourg de Plumelec, elle revendique son ADN socio-éducatif (les résident·e·s de l’IME continuent d’ailleurs d’y venir) et sa vocation à donner la parole à ceux que l’on n’entend pas ou peu. Le leitmotiv : l’intégration des différences par l’accès de tous et toutes au micro dans le respect et l’écoute. La ligne éditoriale, quant à elle, consiste à être le reflet de son territoire pour en montrer toute sa richesse et sa diversité.

La première radio à diffuser du Gallo

« Il y a 20 ans, un bénévole s’est pointé avec l’envie de mettre du Gallo à l’antenne », rappelle Jessica. À l’époque, il n’existe pas de média où l’on peut entendre cette langue. Ce bénévole, c’est Matao Rollo. Il lance la première émission en langue gallèse un 30 septembre 2002. Un vrai séisme. Littéralement : la Bretagne enregistre ce même jour son plus fort tremblement de terre depuis 20 ans. « Puis il est devenu salarié en 2005 », se souvient Jessica. La langue devient vite indissociable de l’identité « Plum’ ». Si désormais d’autres radios diffusent dans la langue de Haute-Bretagne, il n’en reste pas moins que c’est ici que l’on en diffuse le plus avec à peu près 15h par semaine. Le précurseur à laisser sa place à deux recru·e·s « c’est grâce à Ninon Pelhate, Matlao Ghiton tous les deux à mi-temps pour un équivalent temps plein et une douzaine de bénévoles que la langue vit sur nos ondes », souligne-t-elle, avec une aménité constante à saluer le travail de chacun·e.

« On fait confiance »

« Et moi j’arrive en 2006 », révèle Jessica dans un sourire qui trahit un attachement sincère à Plum’FM. Lorsqu’un nouveau déménagement amène la radio dans ses locaux actuels, adaptés aux personnes à mobilité réduite et avec espace plus conséquent, les ateliers si chers à l’équipe peuvent vraiment se développer. Tout comme cette dernière, « nous avons désormais 6 salarié·e·s. Cette année, nous avons aussi deux services civiques et en général nous accueillons six stagiaires par an ». Un accueil en accord avec la vocation pédagogique de la radio : « on fait confiance, on accompagne et on forme avec une certaine autonomie », assure Jessica. Et c’est peut-être pour cela que les bénévoles sont si fidèles, dont certain·e·s sont au rendez-vous à chaque nouvelle saison depuis 20 ans.  

Lorsque l’on aborde la traditionnelle question de la musique, Jessica lâche avec enthousiasme : « on est vachement content de la programmation ! ». Dans les 17 000 titres qui tournent dans la playlist, le quota des 45% de chansons dites « françaises » est respecté, les labels indépendants et les labels régionaux sont privilégiés, à cela près qu’il n’y a pas (ou peu) de musique trad’. La radio revendique de ne pas passer de titres dits « commerciaux », avec quelques exceptions comme en ce moment la rappeuse Lizzo. Quant aux styles ? De la jolie folk de Big Thief, au flow engagé de Kae Tempest en passant par du Stand High Patrol, le grand écart se fait toujours avec souplesse. « La musique nous reflète aussi et c’est grâce au travail très minutieux de Clément Samson et un peu de Mathieu Perret », souligne Jessica.  Sur leur site, l’on ne peut pas consulter le titre de la chanson que l’on vient d’entendre, comme c’est indiqué : « Pour préserver le lien avec les auditeurs, nous n’affichons pas de playlist. Désolé. » À la place, il suffit de leur envoyer un mail pour découvrir le nom de la pépite qui nous a fait tendre l’oreille. Du lien, toujours du lien avec les auditrices et auditeurs. « On reçoit une dizaine de mails tous les jours pour savoir quel titre passait à tel moment, parfois on reçoit des déclarations d’amour ». Preuve à l’appui.

Une nouvelle fréquence à Redon sur le 107.8 FM !

En juillet 2022, Plum’FM remporte l’appel à FM lancé par l’ARCOM pour une nouvelle fréquence à Redon, « nous y intervenons depuis longtemps maintenant et c’est un territoire où l’on parle gallo », explique Jessica Quirin. Toute l’équipe est ravie de se lancer dans cette nouvelle aventure radiophonique sur le territoire redonnais, à écouter sur 107.8 FM ! Quant au DAB+, la réflexion se poursuit et le choix des bassins sur lesquels candidater se pose toujours…