LESVI

Bien antérieure à l’appel à projets « Recherche et Société » lancé par la Région Bretagne, la collaboration entre Jessica Roumeur de la compagnie La Divine Bouchère et la chercheuse Christèle Fraïssé remonte à plusieurs années avec l’organisation en 2017 et 2020 de deux soirées théâtre-discussion à l’UBO (Université de Bretagne Occidentale).

De cette volonté mutuelle de faire résonner leur discipline respective : psychologie sociale et théâtre contemporain, elles ont souhaité approfondir ce partenariat en élaborant un projet commun autour des questions de genre et de minorités sexuelles.

L’obtention de l’appel à projets de la Région Bretagne et donc de financements, et leur réflexion commune finissent de construire et structurer le projet. Ce travail mutuel vient alors enrichir et décloisonner leur approche respective.

« On s’était imposé à toutes les étapes, de toujours mélanger et croiser nos regards. […] Dans toute la phase d’écriture, avoir toujours un regard constructif, questionnant, ça m’a apporté énormément de structure » complète Jessica Roumeur.

Malgré quelques difficultés liées à des problèmes d’agenda en raison de la temporalité du projet étalé sur deux ans, il arrive finalement à son terme avec la création du spectacle Monique es-tu là ?. La pièce est jouée pour la première fois en février 2024 à la Maison du Théâtre à Brest. Mais au-delà de cette réalisation concrète du projet, il résulte de l’étude des entretiens, une situation toujours préoccupante pour la population lesbienne. Dominées par la peur et un climat répressif, la parole et les démonstrations dans l’espace public ou la sphère personnelle sont encore difficiles à assumer, comme l’exprime très bien Christèle Fraïssé :

« C’est toujours difficile de se construire en tant que lesbienne. Il y a toujours une question quand même qui se pose en 2020 de dire ou ne pas dire le fait qu’on est en couple avec une femme. Il y a toujours des situations de violence. […] Il y a un discours qui est très construit autour de la peur. Même pour les plus jeunes et dans des familles qui seraient a priori bienveillantes, on sent toujours cette difficulté à parler. Donc, une forme de répression intériorisée ».

Un constat partagé par la comédienne et autrice Jessica Roumeur : « Ce qui m’a frappé et qui est dans le spectacle, c’est l’omniprésence de la peur. On a toujours peur, dans beaucoup d’endroits et dans la plupart des témoignages qu’on a reçus, la peur est encore là. Une partie du spectacle dit ça : on reste dans une société qui est fondamentalement hétérosexiste, avec une forte répression, même si on ne se fait pas forcément taper dessus ».

[1] SOS Homophobie – Rapport sur les LGBTIphobies – 2024. Source