Episode 4 – Timbre FM
FORET
En réponse aux défis posés par le changement climatique, FORET est un projet de gestion forestière et des tourbières sur le massif de Paimpont (35). Celles-ci jouent un rôle crucial dans le stockage du carbone et la préservation de la biodiversité. Cette recherche vise à repenser collectivement et localement, les modes de gestion des écosystèmes forestiers et tourbeux pour répondre aux enjeux du changement climatique et de la biodiversité. Elle est financée par la Région Bretagne et est menée par Sébastien Gogo et Aude Ernoult du laboratoire ECOBIO, avec la participation de l’Association forestière de Paimpont, la Mission des Terrains en Transitions de l’Université Rennes et du Living Lab CLEF.
En partenariat avec

RÉALISATION
Olivia Moran – Timbre FM
INTERVENANT·ES
Sébastien Gogo, enseignant-chercheur à l’Université de Rennes, à l’Observatoire des Sciences de l’univers de Rennes (OSUR) et au laboratoire Écobio (Écosystèmes, Biodiversité, Évolution)
Annegret Nicolai, écologue, travaille à la recherche en interdisciplinarité à l’interface entre l’écologie, la sociologie et l’économie écologique qui traite des valeurs de la biodiversité : soit, comment l’activité humaine influence la biodiversité. Elle travaille pour le Living Lab CLEF.
A propos
Direction le massif de Paimpont pour découvrir le projet de recherche participative FORET, autour de la gestion des tourbières sur ce territoire !
Le rendez-vous avec Annegret Nicolai est donné sur un parking de la forêt de Paimpont, le matin du mercredi 29 mai 2024. Elle tient le rôle de tiers-veilleur au sein du projet FORET. Mais elle est aussi chercheuse et travaille au Living Lab CLEF, implanté sur le territoire de Brocéliande. Un rôle pas forcément évident, car il faut pouvoir s’adresser autant aux chercheurs qu’aux personnes issues de la société civile qui ne connaissent pas ce milieu. Cela demande donc implication et initiative. C’est un travail de mise en lien et de traductions des termes, afin de rendre accessible le travail de recherche à toutes les personnes qui participent à l’étude.
Tandis qu’Olivia Moran, la journaliste de Timbre FM et la chercheuse s’engagent sur le chemin de Hindrés dans la basse-forêt de Paimpont, la discussion bifurque vers les sujets de la recherche. Idoine ; c’est ici même qu’une partie plus « sociologique » de la recherche a été faite. Annegret y a en effet mené l’un des questionnaires à destination des usagers de la forêt.
« Le projet FORET est né en co-construction, c’est très important pour la recherche participative », explique la chercheuse. « Avant le projet scientifique, on échange avec les acteurs du territoire et ici, il y a une réelle demande de ceux-ci, des forestiers notamment ». En outre, ces derniers constatent l’effet que le changement climatique a sur le territoire avec particulièrement un risque plus fort d’incendie. Avec ce changement sur la forêt, ils s’y sont forcément intéressés et ont immédiatement voulu y travailler.
Pour synthétiser, FORET est un projet qui est né du bas pour aller vers le haut plutôt que le contraire. Les chercheurs sont parti·e·s des connaissances des personnes issues de la société civils qui travaillent ou utilisent la forêt de Brocéliande, pour aller vers une recherche scientifique plus poussée et faire des expériences sur les tourbières.
La chercheuse prend le temps de trouver ses mots, pour être au plus juste de ce qu’elle souhaite décrire. Mais le temps maussade fait tourner court la déambulation. Les deux femmes continuent l’interview sous un grand chêne. Les chercheurs ont donc pu, à partir des acteurs, déterminer le déroulement des différentes méthodes qui sont utilisées au sein de la recherche. Ainsi qu’une partie d’inventaires des tourbières sur le massif forestier de Paimpont : leurs nombres, leurs profondeurs et largeurs, et une analyse de leurs stockages de carbone.
Cette recherche participative permettra de restaurer, de maintenir et d’intégrer les tourbières dans la gestion forestière du massif de Paimpont. « D’être conscient qu’elles sont là et qu’il faut les protéger, cela permettra d’apporter un élément pour réagir aux sécheresses », indique Sébastien Gogo, chercheur à l’Observatoire des sciences de l’univers de Rennes (OSUR) et au laboratoire Écobio (Écosystèmes, Biodiversité, Évolution). Et c’est en tant que responsable du projet FORET, qu’Olivia Moran le rencontre quelques jours plus tard sur l’avenue du chevalier Ponthus à Paimpont. L’occasion de découvrir les tourbières du massif avec lui.
Si à l’échelle globale, les tourbières ne couvrent que 3 % de la surface des continents, elles contiennent en revanche à peu près un tiers du carbone des sols mondiaux ! Dans l’hypothèse où ces systèmes-là ne sont pas perturbés, une petite surface stock donc durablement une énorme quantité de carbone. Celles-ci sont des espaces naturels sensibles, labellisés par le département d’Ille-et-Vilaine. « Elles contiennent beaucoup de carbone et ça nous a permis de voir que les tourbières forestières, à proprement dit, ne sont pas trop dégradées » explique le chercheur. En effet, la masse volumique de carbone et de matière sèche par unité de volume est à peu près identique dans les tourbières forestières que dans celles préservées situées à côté de l’abbaye de Paimpont.
En forêt de Paimpont, les tourbières sont plutôt petites. Or, on ne peut pas agir tourbières par tourbières, cela coûterait trop cher. Elles sont plutôt en bon état, malgré le fait qu’elles soient boisées. « L’idée, c’est de proposer aux forestiers de faire en sorte de garder l’eau le plus longtemps possible dans la forêt, pour que les sols soient gorgés en eau le plus longtemps possible afin que les zones humides le restent », relate Sébastien Gogo. Afin de mener à bien cette stratégie, il faudra mettre en place une action plus régionale, ou du moins, à l’extérieur de la tourbe en elle-même. Par exemple des actions de remembrement de ruisseaux, dont beaucoup ont été linéarisés. « Après, les forestiers seront libres de faire ce qu’ils veulent, c’est à eux de décider », conclut le chercheur.
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